Dans le cadre du projet « Canada-Monde : La voix des femmes et jeunes filles », l’organisation Journalists for Human Rights – RDC (JHR-RDC), en partenariat avec l’ONG Chari-Congo, a organisé ce jeudi 12 juin un atelier de réseautage réunissant des organisations de la société civile (OSC) et des journalistes autour de la thématique : « L’implication des femmes dans la résolution des conflits, conformément à la Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies ».
L’événement s’est tenu dans la salle Maiko de l’immeuble territorial, ex-Tembe na Tembe, au sein du bâtiment du ministère de l’intérieur à Kinshasa.
Cette rencontre intervient dans un contexte national marqué par l’instabilité sécuritaire, notamment l’agression attribuée au Rwanda, à travers ses supplétifs du M23 et de l’AFC, qui a conduit à la prise de plusieurs localités dans l’Est du pays. Cette situation aurait causé, selon les organisateurs, plus de 15 millions de morts.
Face à cette réalité, les initiateurs de l’atelier ont jugé impératif de sensibiliser les journalistes et les OSC sur la Résolution 1325, un instrument juridique encore méconnu de beaucoup d’acteurs en RDC, alors même qu’il plaide pour une implication active des femmes dans les processus de paix et de sécurité.
Renforcement des capacités et plaidoyer commun
Au total, 18 participants, membres de la société civile et professionnels des médias, ont pris part à l’atelier. Les échanges ont permis de renforcer leur compréhension sur des thématiques telles que :
- L’agenda « Femme, Paix et Sécurité » ;
- La paix comme fondement d’une société égalitaire ;
- Le rôle central des femmes dans les processus de paix ;
- Le patriotisme et son ancrage à travers l’éducation portée par les femmes.
Prince Murhula, coordonnateur national de JHR-RDC, a rappelé l’importance stratégique de la Résolution 1325 dans un pays marqué par une instabilité prolongée :
« La Résolution 1325 est très essentielle dans ce contexte que nous avons. Cela fait plus de 30 ans que le pays fait face à une insécurité permanente. JDH travaille depuis 2019 pour faire progresser les droits des femmes et des filles en RDC et les impliquer dans tous les processus pour la paix et le développement durables. »
Il a aussi annoncé le lancement prochain d’un nouveau projet qui viendra prolonger les efforts actuels, en impliquant davantage les médias et la société civile dans des actions concrètes de transformation.
Pour Josepha Pumbulu, responsable de l’ONG Chari-Congo, cette activité répond à une urgence observée sur le terrain :
« Nous avons vu que dans toutes les initiatives de négociation, la femme est systématiquement écartée. Or, ce n’est pas une faveur que nous demandons, c’est un droit consacré par des instruments juridiques ratifiés par notre pays. »
Elle a insisté sur la nécessité de renforcer les capacités des OSC et des médias pour leur permettre de porter ce message auprès des autorités compétentes, dans l’objectif de corriger cette exclusion.
L’atelier s’est conclu par une déclaration commune des participants, appelant à l’application effective de la Résolution 1325. Parmi les principales recommandations formulées :
- Au gouvernement congolais : Prendre des mesures urgentes pour une implication significative des femmes dans les processus de résolution des conflits ; Mettre en œuvre la Résolution 1325 afin d’avancer dans l’agenda « Femme, Paix et Sécurité ».
- À la communauté internationale : Soutenir l’application de la Résolution 2773 du Conseil de sécurité pour la cessation immédiate des hostilités à l’Est de la RDC.
- À la population congolaise : Se mobiliser derrière les autorités nationales pour la restauration de la paix sur toute l’étendue du territoire.
« L’idée est que cette déclaration ne soit pas juste un document classique, mais un véritable outil de plaidoyer permettant de faire avancer l’implication des femmes dans tous les processus de paix », a précisé Prince Murola.
Il a également plaidé pour la création d’un comité de suivi afin de garantir la continuité des actions engagées. Ce comité, qui pourrait fonctionner en présentiel ou en ligne, devra élaborer une feuille de route commune incluant médias, OSC et décideurs politiques.
Nancy Clémence Tshimueneka