Nyiragongo : plusieurs villages confrontés à une pénurie d’eau potable depuis plus de deux semaines

Les habitants de Nyiragongo à la recherche de l'eau potable
Les habitants de Nyiragongo à la recherche de l'eau potable

Depuis le début du mois de juin, une pénurie d'eau potable touche plusieurs villages situés dans la chefferie de Bukumu (groupement Mudja), dans le territoire de Nyiragongo, au nord-ouest de la ville de Goma, au Nord-Kivu. Constat fait par  ACTUALITÉ.CD, ce vendredi 20 juin 2025.

Les difficultés rencontrées par les habitants sont quotidiennes et préoccupantes. De nombreux résidents, en particulier les femmes et les enfants, se retrouvent contraints de se lever aux premières heures du matin pour se mettre à la recherche d’eau. Les files d'attente devant les bornes fontaines s'allongent, et souvent, l'eau tarit avant que tous les besoins ne soient satisfaits.

C'est le cas de Madame Neema Kavira Judith, une mère de cinq enfants en provenance du village de Turunga, que nous avons rencontrée ce matin alors qu'elle cherchait de l'eau potable. Elle témoigne :

« Je me suis réveillée vers 2 heures du matin pour aller installer mes bidons devant la borne fontaine mais pour y arriver ce n’est pas facile car les gens sont nombreux par rapport à la quantité d’eau. A 9 heures, l’eau se termine et on rentre sans ce produit de première nécessité si on ne s’était pas levé très tôt le matin. Nous traversons beaucoup de problèmes la nuit quand on va à la recherche de l’eau, de fois, on rencontre des bandits, ils nous ravissent nos téléphones et quelques fois ils volent nos bidons car nous les étalons pour être aux premiers rangs et nos enfants, surtout filles sont exposées au risque de viol », a-t-elle témoigné.

Cette situation expose les habitants, principalement des femmes et des enfants, à des risques de maladies hydriques et d'agressions, selon le Mouvement des sociétés civiles du territoire de Nyiragongo. Le président de cette structure, Bosenibwame Muzungu, redoute des conséquences sanitaires et sécuritaires de cette situation. Il  appelle de toute urgence la Regideso et ses partenaires à intervenir pour décanter cette crise.

« Certaines organisations avaient déjà résolu la question de l’eau potable en nous envoyant plusieurs camions citernes chaque jour. Mais aujourd’hui, avec la pénurie qui touche une grande partie du territoire de Nyiragongo, ces camions sont peut-être mobilisés ailleurs, et nous en souffrons énormément ici. Nous sommes profondément étonnés de constater que cela fait plusieurs mois que le projet de MDF, qui apportait de l’eau dans les groupements de Buhumba et de Kibumba, a été suspendu. Depuis, de nombreux habitants du territoire de Nyiragongo n’ont plus accès à l’eau potable. C’est pourquoi nous lançons un appel à la conscience de chacun, et particulièrement aux autorités, afin qu’elles mènent un plaidoyer fort pour la reprise de ce projet. Il est essentiel de desservir à nouveau les populations de Buhumba et de Kibumba, qui souffrent de cette pénurie, afin qu’elles puissent accéder à une eau potable. », plaide-t-il.

Malgré ces appels, les autorités locales n’ont pas encore réagi. Dans le territoire de Nyiragongo où la densité de déplacés ne cesse de croître, certains habitants n’ont d’autre choix que d’acheter de l’eau auprès de camions-citernes privés. Mais cette solution temporaire reste hors de portée pour de nombreuses familles en situation de précarité extrême.

Cette pénurie n’est pas une première dans le territoire de Nyiragongo. Déjà en avril et mai de cette année, des problèmes similaires ont été constatés. Pourtant, plusieurs tanks d’eau appartenant à des opérateurs privés sont visibles dans la zone. Leur accessibilité reste cependant très limitée pour les populations les plus vulnérables.

Josué Mutanava, à Goma